Le vent hurle comme un animal fou, en secouant fortement les tentes. Ce sont des solides tentes d’expédition et pourtant, elles tiennent à peine. Les rafales de vent vont jusqu’à 80-100 km / h. Je ne veux pas imaginer la difficulté de grimper la nuit sous ce vent et dans ce froid. Je suis à 5800 mètres d’altitude, dans le camp haut de Mera Peak. Je suis contente d’avoir renoncé à l’idée de ramener ma propre tente ici et d’utiliser plutôt les tentes d’expédition népalaises. J’ai une seule personne avec moi, un jeune garçon, cuisinier, dont l’anglais est aussi élaboré que la simple cuisine montagnarde qu’il prépare.
Je ressens l’altitude peser sur mes tempes et le froid qui me perce jusqu’à l’os alors que je sirote mon thé. Tasse après tasse jusqu’à ce que je n’en supporte plus le goût. C’est bon pour la chaleur et l’hydratation, mais je ne me sens pas bien à cause de l’altitude.
Quand j’ai grimpé l’Island Peak , je ne suis restée qu’au camp de base. Étant moins élevé que le sommet de Mera, il n’y a pas raison de dormir plus haut. Cependant, vous n’allez pas voir les superbes vues de l’Everest qu’on peut admirer depuis le Mera. Tout à l’heure j’étais fascinée par la gentillesse discrète du soleil qui embrassait le front du sommet de l’Everest avant de se coucher.

L’accès au massif du Mera est plus difficile que celui vers d’autres sommets de randonnée (trekking peaks) plus populaires (Island Peak et Lobuche). Alors que les deux autres se trouvent sur le chemin du camp de base de l’Everest, Mera nécessite un détour par la vallée de Hinku – moins connue et sauvage. L’accès dans la vallée se fait soit par un col qui monte à 4600 mètres, qui est franchit deux jours après l’atterrissage à Lukla (2800 mètres), soit en marchant pendant au moins quatre jours, à travers des forêts luxuriantes, hors de sentiers battus. Aucune des deux options n’est facile pour le randonneur occasionnel. Cependant, si vous voulez voir le vrai Himalaya, vous perdre (presque) dans la forêt, échanger avec les locaux et voir les couchers et les levers de soleil les plus beaux sur l’Everest, alors, vous devriez choisir de grimper Mera Peak plutôt que Island Peak ou Lobuche.
Je conseille fortement la prise d’un guide même pour la partie de randonnée, car les sentiers sont plus sauvages que le trek du camp de base de l’Everest habituel. Les permis pour le sommet et la logistique pour l’ascension peuvent être organisés soit à Katmandou soit à Khare (le village du camp de base). Moi, j’ai arrangé à Khare les services de camp haut ainsi qu’un cuisinier. Je n’ai pas pris de guide Sherpa car je connaissais l’Himalaya et j’avais également grimpé seule avant. Je ne vous conseille pas de faire la même chose, sauf si vous êtes un alpiniste expérimenté.

La nuit dans le camp haut fût dure. Dormir si haut pèse toujours sur le corps, même avec une bonne acclimatation. J’avais passé deux jours à Khare (4900 mètres), pour m’acclimater, et un jour dans le camp de base (5200 mètres), mais ma tête était toujours lourde et douloureuse à cause du manque d’oxygène. De Khare au camp haut, ce n’est qu’une montée de quatre heures, donc beaucoup de gens sautent la journée au camp base. Le village est certainement un meilleur endroit pour dormir et se reposer. Du camp haut au sommet du Mera, il y a 600 mètres de montée sur le glacier et la montée guidée commence à 3 heures du matin. En fonction de votre rythme, la montée peut prendre jusqu’à quatre heures et la descente deux heures jusqu’au camp haut, puis encore deux heures de descente à Khare (ou plus, selon votre état de fatigue).

Cette nuit-là, j’ai attendu que le vent se calme et que mon mal aigu de la montagne passe. À 6 heures du matin, je ne me sentais toujours pas bien. Après le thé et un petit déjeuner forcé, j’ai décidé quand même de pousser pour le sommet. C’était un départ tardif, mais je savais que j’avais le temps, et je savais que le temps devrait être bon et stable toute la journée. Je pouvais voir les lumières des gens qui étaient partis dans la nuit, bien au-dessus de moi, sur la dernière pente raide. J’ai commencé lentement, un peu méfiante de mon état d’esprit et des capacités de mon corps. J’ai pu admirer un des plus beaux levers de soleil sur l’Everest, le Lhotse, le Nuptse et l’Ama Dablam. Baruntse, Makalu et Kanchenjunga étaient également visibles. J’ai fait des nombreux treks au Népal mais je dois dire que ici, sur les pentes du Mera, j’ai eu les meilleures vues des plus hauts sommets du Népal, y compris l’Everest.
La montée n’est pas technique, mais il faut faire attention aux crevasses. La pente n’est pas trop raide et il est assez facile de trouver le sentier. J’ai pris mon temps, respirant, marchant lentement. Je n’avais aucune idée exacte de l’endroit où se trouvait le sommet, et sans guide pour me rassurer, j’ai décidé de continuer pendant un maximum de quatre heures et de faire marche arrière si je ressentais le moindre discomfort. Puis, après une longue montée épuisante (la plus difficile), je vois le pic! Il est facilement accessible et juste une dernière pente raide, équipée d’une corde fixe, se trouve entre moi et le sommet. Étonnamment, j’ai mis seulement deux heures et demie pour grimper et une heure pour retourner au camp haut. Une autre heure et j’étais à Khare.

Quelques points à prendre en compte si vous prévoyez de graver le Mera Peak: même s’il est moins technique que les deux autres, c’est une altitude nettement plus élevée qui rend la montée difficile. Vous devriez prendre un guide Sherpa et un porteur si vous n’êtes pas un alpiniste expérimenté. Vous aurez les meilleures vues sur les plus hauts sommets de l’Himalaya, y compris l’Everest, même si vous n’arrivez pas au sommet. L’accès est plus difficile que pour les autres sommets: il faut parcourir la vallée de Hinku et traverser un col de 4600 mètres entre Lukla et la vallée. Cependant, je crois que c’est le sommet le plus parmi les sommets de randonnée au Népal. Après l’avoir grimpée, ce serait ma première option principalement pour les vues exceptionnelles et de l’éloignement de la vallée de Khumbu, ce qui signifie beaucoup moins de foules.
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